Où finissent nos pots de yaourt ?

Jetés par milliards chaque année, les pots de yaourt sont encore peu nombreux à être réellement recyclés. Alors même que nous devons les jeter dans le bac jaune de tri depuis 2023 (sauf ceux en verre ou céramique).

En France, il se vend environ 60 000 tonnes de pots de yaourt (et de petits pots de compote) chaque année. Les fabricants estiment que trois quarts de ces pots sont fabriqués en polystyrène thermoformé (PS). Ce polystyrène est une résine plastique théoriquement recyclable mais dans la pratique rarement valorisée en boucle alimentaire.

Le défi principal, c’est la constitution de ces pots en plusieurs matériaux : le plastique, mais aussi parfois de papier, de colle, d’encre, d’un opercule métallique ou aluminium… ce qui complique le tri et la séparation des matériaux.

Autrement dit : dès leur conception, beaucoup de pots sont complexes à recycler.

Le grand goulot d’étranglement du tri

On estime que seules 5 000 tonnes de ces 60 000 tonnes atteignent réellement les centres de tri. Le reste est incinéré ou enfoui.

D’une part parce que beaucoup de consommateurs hésitent encore à mettre leurs pots de yaourts dans la poubelle jaune malgré l’obligation décrétée en 2023.

D’autre part, certaines municipalités ne recommandent pas le tri de ces emballages parce qu’elles n’ont pas les systèmes permettant de les recycler ou qu’elles n’ont pas encore adapté leurs systèmes.

Et enfin, même lorsque les pots de yaourts arrivent dans la poubelle jaune, le problème reste identique : il n’existe pas suffisamment de structures sur le territoire permettant de les recycler.

Que deviennent les pots de yaourt triés ?

Mais quel est le sort des pots qui arrivent jusqu’au centre de tri ?

Jusqu’à récemment, la plupart des pots triés (en plastique) étaient envoyés vers une usine à Valence (Espagne) pour recyclage mécanique. Dans cette usine, on broie le plastique et on le fond. Mais il ne peut pas redevenir un emballage alimentaire pour autant. Il sert plutôt à fabriquer des pots de fleurs, des arrosoirs, des tuyaux, etc.

Depuis cette année, une usine de recyclage chimique à Anvers (Belgique) — exploitée par Indaver — doit permettre de recycler les pots en boucle fermée. C’est‑à‑dire rematérialiser du polystyrène de qualité alimentaire pour fabriquer de nouveaux emballages. Cette usine doit traiter 8 000 tonnes de polystyrène provenant de France, soit l’équivalent de 80 millions de pots.

Alors, trier ou ne pas trier ?

Quelques conseils pour tendre vers un meilleur tri de ces déchets :

• Toujours trier son pot, même s’il reste un peu de yaourt (pas la peine de le passer sous l’eau). Chaque pot trié donne de meilleures chances d’atteindre la filière de recyclage.
• Détacher l’opercule (quand cela est possible) pour faciliter le tri.
• Préférer les pots les plus simples possible (plastique imprimé sans étiquette ni autre suremballage) ou les pots en verre réemployables si votre municipalité le propose.
• S’informer sur la législation locale : certaines communes imposent ou déconseillent le tri des pots selon leurs capacités de traitement.
• Faire pression sur les pouvoirs publics et industriels pour qu’ils investissent dans des filières de recyclage plus proches et plus efficaces, en France.