Entretien

Le « bon » et le « mauvais » cholestérol vus par une gastro-entérologue

Ce n'est pas le cholestérol qui est en tort, mais son excès.

Jin Qiu, gastro-entérologue et hépatologue au centre hospitalier de Roanne © Photo personnelle

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

Y a-t-il un bon et un mauvais cholestérol ? Comment se prémunir d’un taux de cholestérol trop élevé ? Jin Qiu, gastro-entérologue au centre hospitalier de Roanne (Loire), rencontre beaucoup de patients qui ont des problèmes de « foie gras », ou stéatose hépatique. Également hépatologue, elle a aussi de plus en plus affaire à des personnes présentant un syndrome métabolique, qui se manifeste par un excès de graisse dans l’abdomen ou autour des hanches, pouvant entraîner de l’hypertension artérielle, du diabète ou du cholestérol. Auprès de Mon Quotidien Autrement, elle décrit le fonctionnement du cholestérol, ses déséquilibres et les moyens de limiter ses excès.

Le cholestérol est-il uniquement d’origine alimentaire ?

Le cholestérol est un corps gras, c’est-à-dire un lipide, nécessaire au fonctionnement de notre organisme. Il fait partie des constituants de nos cellules, notamment de la membrane cellulaire. Nous avons aussi besoin de cholestérol pour fabriquer des hormones et des vitamines, notamment la vitamine D. Deux tiers du cholestérol est fabriqué directement par notre foie. Le tiers restant seulement est d’origine alimentaire, absorbé par l’intestin.

Parler de « bon » ou de « mauvais » cholestérol n’est pas forcément adéquat. Pourriez-vous nous expliquer pourquoi ?

C’est lié aux deux transporteurs du cholestérol, des lipoprotéines haute densité (HDL) ou basse densité (LDL). Le cholestérol n’est pas soluble dans le sang, donc il a besoin d’être transporté par ces molécules. Le HDL transporte le cholestérol du sang vers le foie, pour être éliminé. Tandis que LDL le fait dans le sens inverse, en le transportant vers les cellules et les organes. Et quand il y a trop de cholestérol, le LDL ne peut pas le ramener vers le foie et celui-ci reste dans le sang. Or, comme le cholestérol n’est pas soluble, il se dépose dans la paroi des vaisseaux. Cela entraîne un rétrécissement des vaisseaux, qui est à l’origine de maladies vasculaires comme l’infarctus, l’AVC ou l’artérite des membres inférieurs.

À partir de quel moment l’excès de cholestérol peut devenir problématique ?

Un bon taux de cholestérol en théorie est inférieur à 2 grammes par litre de sang. Tandis qu’une hypercholestérolémie – c’est-à-dire l’excès de cholestérol – survient quand il y a plus de 2,2 grammes de cholestérol par litre de sang. Mais l’hypercholestérolémie est aussi caractérisée par une présence trop importante de LDL : son taux est censé être inférieur à 1,6 gramme par litre de sang.

Que peut-on faire pour éviter de basculer dans l’hypercholestérolémie ?

On ne peut pas faire grand chose sur la synthèse du foie qui représente les deux tiers de la fabrication de cholestérol. Il n’est donc possible d’agir que sur le tiers restant qui provient de l’alimentation. Mais on oublie aussi souvent l’activité physique. Or la sédentarité et l’obésité sont des facteurs favorisant l’apparition d’un mauvais taux de cholestérol. Si on est sédentaire et que l’on fait attention à ce que l’on mange, ce n’est pas suffisant. Pour avoir un taux de HDL correct, il faut surtout faire du sport ou de l’activité physique régulièrement.

Cela signifie que sur ce sujet, il ne faut pas trop se prendre la tête sur l’alimentation ?

Cela représente quand même 30 % de l’apport, donc ce n’est pas à négliger. Lorsqu’aucun problème n’a encore été identifié, il est possible de privilégier certaines habitudes. Mais la première erreur à ne pas faire, c’est de supprimer totalement la matière grasse. Le corps a besoin de lipides, sinon il présente des carences.

Ensuite, il faut essayer de consommer le plus possible d’acides gras non saturés, qui se trouvent essentiellement dans les corps gras d’origine végétale, comme l’huile d’olive, les noix, le lin, le soja. Il faut aussi essayer d’éviter les deux huiles végétales polysaturées que sont l’huile de palme et l’huile de coco, puis les viandes grasses, la charcuterie, les rognons, le foie, le beurre et les fromages gras.

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