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À Strasbourg, une Ordonnance verte pour les femmes enceintes

Lutter contre les perturbateurs endocriniens à des moments de la vie particulièrement sensibles.

À Strasbourg, une ordonnance verte pour les femmes enceintes © Freepik

Ecrit par Perrine de Mon Quotidien Autrement

L’Ordonnance verte a conquis les Strasbourgeoises. En novembre 2022, la mairie a mis en place une expérimentation auprès des femmes enceintes : la création d’un programme destiné à limiter leur exposition aux perturbateurs endocriniens. Un test sur un échantillon de 800 personnes a fait ses preuves, et la Ville a donc annoncé en septembre 2023 l’élargissement du dispositif à 1500 candidates. Ces dernières doivent être enceintes ou bien en parcours de Procréation Médicale Assistée (PMA), mais aussi être habitantes de la commune. Elles pourront bénéficier, sur prescription médicale, d’ateliers de sensibilisation, ainsi que la livraison gratuite de paniers hebdomadaires de légumes bio et locaux.

Alerter contre les dangers des perturbateurs endocriniens

Les ateliers de prévention sont au nombre de deux. Le premier s’intitule « Vivre ma grossesse sans perturbateurs endocriniens » et le deuxième « Repenser mon assiette, pour mon bébé et la planète ».

Leur but premier est d’informer les femmes inscrites aux ateliers des dangers quotidiens que représentent les perturbateurs endocriniens, pour elles et leurs enfants. En effet, les fœtus et nourrissons sont particulièrement sensibles aux perturbateurs endocriniens. Alexandre Feltz, médecin et adjoint à la mairie de Strasbourg, explique à Reporterre : « On sait que la contamination d’une femme enceinte à ces substances peut entraîner ultérieurement l’apparition de maladies chez l’enfant. Du diabète, de l’obésité, des maladies thyroïdiennes, des troubles de l’attention ou encore des pubertés précoces chez les petites filles. » C’est pourquoi la mairie a mis en place ces temps de familiarisation à la santé environnementale.

Proposer des alternatives

Après avoir sensibilisé aux risques, les animateurs proposent aux femmes présentes des solutions pour éviter l’exposition à de telles substances.

La première étape est de savoir les identifier, puis d’envisager les alternatives à privilégier en matière de couches, de biberon, de produits de soin et d’hygiène.  Il est par exemple recommandé de privilégier des couches sans blanchiment au chlore, voire des couches lavables. Il est également possible de fabriquer soi-même ses produits ménagers ou ses cosmétiques, afin de maîtriser leur composition. Concernant l’alimentation, la consommation de produits bio et issus de circuits courts réduit considérablement la présence de perturbateurs endocriniens. Et c’est pour cette raison que des paniers de légumes sont distribués gratuitement aux bénéficiaires de l’Ordonnance verte.

Un dispositif qui s’adapte à tous les profils

La phase test a profité à des femmes de tous les milieux sociaux. Mais depuis janvier 2024, les bénéficiaires doivent renseigner leur quotient familial pour calculer la durée d’adhésion au programme. Les plus modestes reçoivent un panier bio chaque semaine pendant sept mois, alors que les foyers les plus aisés bénéficient de cette livraison pendant deux mois seulement. Le but est d’intégrer cette pratique à long terme dans les habitudes des familles strasbourgeoises, parce qu’au-delà de la santé des mères et de leur bébé, elle bénéficie également à l’ensemble des membres de la famille, aux producteurs locaux et à la biodiversité. D’après Reporterre, « 90 % des femmes interrogées disent vouloir continuer à manger bio par la suite ». 

Vers une adoption nationale ?

Au vu de la réussite de ce programme, la députée écologiste Sandra Regol, première circonscription du Bas-Rhin, a déposé en septembre 2023 une proposition de loi pour nationaliser l’Ordonnance verte. La volonté est d’intégrer le dispositif à la Sécurité Sociale qui en assurerait le financement. Cela permettrait de prévenir, à l’échelle nationale, ces futures maladies liées à une exposition aux perturbateurs endocriniens lors de la période pré natale, maladies souvent très handicapantes et lourdes pour les dépenses de santé publique.

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