Ça fait réfléchir

Je suis écolo et j’aime la ville

Ecolo des villes ou écolo des champs ?

Etre écolo à la ville, c'est possible. Crédit : E.B

Ecrit par Elsa de Mon Quotidien Autrement

« Ouh beurk, tu habites à Paris ! ». Pour être un écolo, un vrai, il faudrait avoir sa petite maison, avec un potager et un récupérateur d’eau de pluie. Ou du moins en rêver, et ronger son frein en attendant, en déambulant dans les rues sales de villes gentrifiées, dénaturées, artificialisées…. Depuis le confinement, la ville a encore moins bonne presse.

« La métropolisation et l’urbanisation du monde ont des impacts considérables sur notre maison commune qu’est la Terre, au point que je n’hésite pas à les assimiler à une forme d’écocide», résume, dans Futura, Guillaume Faburel. Le géographe a publié plusieurs livres aux titres explicites : Pour en finir avec les grandes villes, 2020, Les Métropoles barbares, 2019 …

Quel rêve vendons-nous ?

Certes, mais lier écologie et vie à la campagne ne va pas du tout de soi. Prenez les maisons individuelles : un fantasme pour bon nombre de Françaises et Français. Un coup rude pour l’environnement. Le politique ne s’y est pas trompé. La récente loi « Zéro artificialisation des terres » (Zan) compte ainsi lutter contre l’étalement urbain, notamment dû aux pavillons. Si l’on pense émissions de gaz à effet de serre, le recours à la voiture individuelle plombe la note des ruraux. Loin de nous l’idée de jouer au « plus vertueux » : l’écologie est avant tout une histoire de choix de société, et pas seulement une somme d’actions individuelles. Et sans effort massif de l’État sur les transports en commun ou les services de proximité, c’est toujours la voiture qui gagnera. D’autant qu’on peut tout à fait adopter un mode de vie respectueux de l’environnement… en ville.

En fait, il est question encore une fois de modèle, de rêve, de projections. D’ici à 2050, avec le doublement du nombre actuel de citadins, pratiquement sept personnes sur dix dans le monde vivront en milieu urbain. Le mouvement écologiste doit-il continuer à nous vendre fleurs et pâquerettes ? Où doit-il répondre concrètement à la vie des gens, ceux qui sont en ville et comptent bien y rester ? Il est temps d’en finir avec cette idée – aux relents réactionnaires – que la ville est le lieu de tous les maux, un lieu de perdition, en opposition à la campagne, ordonnée et rassurante.

Un exode pas accessible pour tous

Déjà parce que tout le monde n’a pas accès à la campagne. Les récents votes aux européennes montrent que la majorité des grandes villes sont préservées des votes massifs pour l’extrême droite. La ville peut donc faire office de refuge pour les personnes victimes de racisme et/ou lesbiennes, gays, bi ou trans. Et au-delà de l’extrême droite, être lesbienne et célibataire dans un village où la sociabilité se construit sur le modèle du couple hétérosexuel avec enfant, ce n’est pas forcément attractif.

Auteur du livre Criminels climatiques (La Découverte, 2022), le journaliste Mickael Correia interviewé par le média Ballast parle plus précisément de l’importance des « écolieux, les espaces autonomes, les fermes collectives», en tant que « bases arrière pour s’organiser » en milieu rural. Mais il précise : « ça n’est pas un imaginaire qui fait rêver tout le monde, moi le premier ! Allez parler de ça à un jeune des quartiers populaires, qui a vu ses parents trimer au boulot ou fuir des conditions rurales misérables : il n’a pas envie de trimer à son tour cinquante heures par semaine pour cultiver des légumes ! »

Loin de nous l’idée de décréter que le bonheur se trouve dans le bitume. L’important, c’est de multiplier les imaginaires joyeux et désirables, et surtout, de rendre le monde habitable pour tous.

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