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L’organisation des JO d’hiver 2030 en France : un désastre écologique ?
Après l’Italie en 2026, la France a été désignée organisatrice des JO d’hiver 2030. La nouvelle est tombée en juillet 2024, alors que Paris s’apprêtait déjà à accueillir les JO Paris. La France est alors seule candidate, puisque la Suisse et la Suède se sont retirées de la compétition. Bien que le comité d’organisation promette des « Jeux Verts et durables », ce projet fait débat.
Les JO Paris 2024 avaient aussi essuyé de vives critiques ; ils ont finalement su conquérir les Français. Mais les Jeux d’hiver causent d’autres soucis, notamment d’ordre environnementaux.
Les Alpes déjà sous tension
Les JO d’hiver 2030 sont prévus dans les Alpes françaises. Ce n’est pas la première fois que la compétition aura lieu dans la région. Il y a déjà eu Chamonix en 1924, Grenoble en 1968 et Albertville en 1992.
Or, les Alpes, comme de nombreux milieux montagneux, sont fortement touchées par la hausse des températures. D’après une étude publiée en février 2025 dans la revue Nature, les Alpes et les Pyrénées auraient perdu jusqu’à 40 % de leur volume glaciaire, en un peu plus de vingt ans. Mais aussi, on apprend dans Basta ! que, si les températures atteignent les + 4°C en 2100, 98 % des stations européennes seraient alors hors service.
Face à ces phénomènes, les risques d’avalanche et d’inondation sont de plus en plus importants. De plus, l’artificialisation des sols, entraînée en partie par la construction des infrastructures nécessaires à l’organisation des JO d’hiver 2030 (routes, restaurants, hébergements, etc), ne ferait qu’accélérer le processus.
Aussi, de plus en plus de stations se mettent à la neige artificielle pour assurer l’ouverture des domaines skiables. Et ce, également pour les JO. En 2022, ceux organisés à Pékin se sont déroulés entièrement sur de la neige artificielle. Ce fut une première. En Corée du Sud (2018), on était à 90 % de neige artificielle, quand la Russie en 2014 avait atteint les 80 %. Sauf que pour créer de la neige artificielle, il faut mettre en place des retenues collinaires. Ces dernières permettent de stocker l’eau provenant des ruissellements et de la pluie, et sont donc accaparées pour les sports d’hiver, plutôt que pour les habitants de la région. Et quand cela ne suffit plus, c’est par camions ou par hélicoptères que l’eau est emmenée dans les stations de ski.
Pas de concertation citoyenne
La candidature de la France a été portée par les présidents des régions Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, Laurent Wauquiez et Renaud Muselier. Aucun débat public n’a été effectué et les citoyens concernés n’ont pas été consultés.
C’est pour cette raison que le Collectif citoyen Jeux olympiques et paralympiques 2030, accompagné par des élus et des organisations dont France Nature Environnement et la Ligue des droits de l’homme, a saisi les Nations Unies. Le comité en charge du respect de la Convention d’Aarhus, sur la démocratie environnementale, a entendu les personnes concernées. En effet, ce texte signé par la France « assure le droit à l’information et des processus de décision démocratiques pour tout projet susceptible de transformer l’environnement », nous explique le média Vert. Ce qui est bien le cas du projet JO d’hiver 2030. La France a maintenant cinq mois pour présenter ses arguments.
Avant de saisir les Nations Unies, le collectif s’était d’abord tourné vers des institutions françaises. Notamment la Commission nationale du débat public (CNDP) et les tribunaux administratifs de certaines villes impliquées dans l’organisation. L’ONU accélérera sans doute les processus.
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