Bizarre et intéressant
Il y a plein de vie… dans les caniveaux
Des algues, mollusques, éponges, champignons... étudiés par le Muséum d'histoire naturelle.
De la vie dans les caniveaux ? On prête parfois attention à la flore des trottoirs. Certains connaissent la renouée des oiseaux (aussi appelée trainasse!), cette plante au joli nom qui squatte les fissures du bitume. D’autres sont familiers de l’herbe à verrue, ou chélidoine, qui aime être proche des gouttières. Ou bien l’oxalis à petites cornes et ses mignonnes fleurs jaunes. Mais peu, très peu de gens, s’intéressent à la microfaune et à la microflore des caniveaux. Et pour cause, elle est minus.
Algues, bactéries, champignons, mollusques… Autant d’organismes qui peuplent ces milieux et contribuent ainsi à la « décomposition des déchets solides et d’autres types de polluants (gaz d’échappement, huile moteur, etc.) », écrit le Muséum d’histoire naturelle dans un communiqué. Grâce à une étude menée par cette instance parisienne, on sait que 70 % de ces organismes se développent uniquement dans ces milieux spécifiques.
« Tout un monde qui vit sous nos pieds »
Seine, canal de l’Ourcq, bouches de caniveau… À partir d’une centaine d’échantillons prélevés dans les arrondissements de Paris, les chercheurs ont déjà identifié, en 2017, 6 900 espèces potentielles d’eucaryotes, dont une majorité de microalgues.
« Y a beaucoup de monde », confirmait le chercheur Pascal Jean-Lopez sur France Inter. Celui-ci a une passion pour les diatomées qui produisent plus d’un quart de l’oxygène que nous consommons. À la radio, il a raconté la genèse du projet. « J’allais au travail, je marchais rue Jussieu [à Paris] et en regardant les caniveaux, j’ai vu un nappage marron doré, très caractéristique des microalgues, qu’on appelle des diatomées. Je me suis dit : » Tiens il y a des diatomées dans la rue, juste là, j’ai pas besoin de faire de la biologie marine très loin ! » Il a poursuivi : « Ça montre qu’il y a tout un monde adapté à la ville qui vit sous nos pieds. »
Car malgré l’ampleur de leur étude, le rôle de ces organismes reste à creuser. « Comment se sont-ils adaptés à la ville ? Faut-il les surveiller ? Participent-ils à la purification de l’eau, au sein même de la rue, à la manière de microstations d’épuration ? », s’interroge ainsi le Muséum.
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