Entretien
Charlotte, maîtresse d’un chien détecteur de punaises de lit
Son Beagle peut sentir des œufs, des larves, des punaises adultes... même s'il n'y en a qu'une seule !
On vous présente Charlotte, 59 ans, maîtresse d’un chien détecteur de punaises de lit : Watson, 8 ans. Lorsqu’on pense aux punaises de lit, un frisson parcoure notre échine, on pense insecticides et bombes chimiques. Si ces dernières sont parfois nécessaires – uniquement via des professionnels, comme le recommande l’Anses, l’agence de sécurité sanitaire – faire appel à un chien renifleur peut être très utile. Cela permet de savoir où se trouve le gros de l’infestation, de vérifier si le logement est (enfin) sain, etc. La propriétaire de cet adorable Beagles nous en dit plus sur ce métier bien particulier.
Comment en êtes-vous arrivée à devenir maîtresse d’un chien détecteur de punaises de lit ?
J’ai eu des punaises de lit, il y a longtemps, mes enfants étaient encore petits. Depuis, je suis traumatisée par les punaises, phobique même. A l’époque, j’ai découvert que des chiens détecteurs existaient aux États-Unis. La France a été bien plus longue à accepter l’aide des chiens, à cause d’a priori : maintenant, on en voit beaucoup, qui détectent des corps sous des avalanches, des maladies telles que des récidives de cancer du sein… Dans l’esprit collectif, c’est bien plus accepté de faire confiance aux chiens.
Quinze ans plus tard, vous vous êtes lancée…
J’ai d’abord été salariée dans une entreprise de détection canine avant de créer ma structure. Et puis j’ai toujours eu des chiens, notamment des Beagles. J’adore cette race, ce sont des chiens de chasse. Un Beagle formé aux lièvres peut le sentir à 2,5 km de distance dans les bois… Aujourd’hui, j’ai deux chiens détecteurs, Watson, et Watson junior. Parce que Watson vieillit, et un jour il va s’arrêter de travailler du jour au lendemain ! Un deuxième chien le stimule.
Comment les avez-vous formés ?
Avant, tous les chiens étaient formés en Californie. Il y a aujourd’hui en France deux ou trois dresseurs de chiens pour les punaises, qui peuvent aussi les former à détecter les termites. Ça prend entre quatre et six mois. Et puis, je les entraîne régulièrement chez moi. Pour cela, on peut acheter des punaises vivantes à des professionnels, à différents stades de vie.
Qu’est-ce que sent le chien ?
Les punaises ont une odeur de moisi et de sang mélangé. Une infime odeur ! Mais le flair des chiens est tel qu’ils peuvent sentir même une unique punaise.
Est-ce que tout le monde peut avoir des punaises de lit ?
Bien sûr ! Même dans une maison très propre, on peut ne pas s’en rendre compte. Il y en a beaucoup depuis 2002, c’était alors le début des voyages low-cost et des AirBnB. Il y a une croyance qui dit qu’il y en a plus dans les quartiers populaires. Pas du tout ! Il y a plus de punaises détectées chez les riches car ce sont eux qui voyagent beaucoup, prennent l’avion, partent en weekend… En revanche, il y a plus de contaminations chez les personnes les plus pauvres. Imaginez : dans les quartiers populaires, les organismes HLM mettent parfois deux mois à agir ! Les gens font des crédits à la consommation pour s’en débarrasser.
Ça peut rendre fou…
Le lit est un endroit censé être cocon… Vous savez, des gens font des insomnies, peuvent tomber en dépression lourde… Voilà ce que peut provoquer une infestation de punaises. L’humain a besoin de voir la mort pour passer à autre chose et quand vous traitez contre les punaises, vous ne voyez rien. Il n’y a pas plein de cadavres… Cela peut être très dur. Mais on peut s’en sortir !
Lisez notre reportage sur la venue d’un chien renifleur dans l’appartement infesté de punaises de la journaliste autrice de ces lignes. Il est ici !
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