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Mozzarella di bufala : derrière le succès, la maltraitance animale

De nombreuses alertes lancées en Italie.

Mozzarella di bufala : derrière le succès, la maltraitance animale © Jean-François Capdet, Creative Commons Attribution

Ecrit par Perrine Bontemps

La mozzarella di bufala, c’est le fromage vedette de l’été. Fabriquée à partir du lait de bufflonnes, principalement en Italie, elle est consommée par tonne chaque année en France. Mais derrière ce succès, une tendance à la maltraitance animale scandalise des ONG et certains politiques italiens. Plusieurs rapports ont été publiés depuis 2014, dont le plus récent date de mai 2025 et a été rédigé par We Animals.

Les jeunes bufflons : principales victimes

Les élevages de buffles, qui servent presque exclusivement à la fabrication de ce fromage à pâte filée, se concentrent en Italie. Dans un article paru fin août, Libération raconte des conditions d’élevage inacceptables.

Tout d’abord, pour obtenir du lait en quantité suffisante, les bufflonnes doivent donner naissance à des petits. Jusque-là, c’est logique. Mais, pour que ce lait soit utilisé à la fabrication du fromage, la femelle est séparée de son petit. D’après les ONG, si ce petit est un mâle, les éleveurs s’en débarrassent. En d’autres termes, ils le tuent. Et ce, dans d’atroces conditions : « attachés et enterrés vivants, laissés agonisants en plein soleil, noyés ou privés de nourriture », peut-on lire dans Libé.

Dans le rapport de We Animals, l’assistant parlementaire Alfredo Riccio relate : « Dans le cadre de ma profession, j’ai visité plusieurs fermes de buffles aux côtés des forces de l’ordre, et j’ai pu observer ce qu’ils cachaient. Ce qui m’a le plus choqué, c’est de voir des buffles femelles qui ne pouvaient plus marcher ; le sol était inadéquat et leurs sabots avaient poussé excessivement. En nous promenant dans les champs voisins, nous avons également trouvé ce qui ressemblait à une cour d’os : un véritable cimetière de jeunes buffles mâles. »

La raison ? Les buffles mâles ne sont pas rentables. En effet, leur viande n’est que très peu consommée. Avoir un grand nombre de mâles n’est donc pas utile aux éleveurs, en plus d’être coûteux.

Une précarité grandissante du côté des éleveurs

Interrogé par Libération, Pier Maria Saccani, directeur du consortium de la mozzarella di bufala campana DOP, réfute ces accusations. Pourtant, ces violences ne sont pas nouvelles, et les ONG comme les forces de l’ordre italiennes en rendent compte depuis une quinzaine d’années. Des contrôles sont pourtant en vigueur dans le pays. Seulement, les vétérinaires qui les pratiquent en général, ne semblent pas le faire ces derniers temps. D’après certaines ONG, ils protègeraient les éleveurs en difficulté.

Si les éleveurs agissent de la sorte, c’est notamment parce que le métier devient de plus en plus précaire. En Italie, 1 600 exploitations et 11 000 employés travaillent à la production de la mozzarella di bufala. Il s’agit de l’un des secteurs économiques les plus importants dans le pays. Ces dernières années, il a dû faire face à des problématiques majeures. Parmi elles, une crise du prix du lait, des épidémies qui ont amoindri les troupeaux, les liens avec la mafia, ou encore la concurrence importante avec la mozzarella au lait de vache. Cette dernière est aujourd’hui la cause principale de la crise qui touche les éleveurs du secteur.

Pour sortir de cette impasse, certaines exploitations tentent de se renouveler. La vente de produits à base de viande de buffle commence à émerger. Une solution pouvant mener à la fin de la crise économique, mais aussi à la fin de la maltraitance des jeunes buffles mâles.

Alors que faire quand on aime la mozarella di buffala ? Pour être tout à fait honnête, nous n’avons pas trouvé beaucoup de solutions. Nous avons cherché s’il existait des mozarella di buffala labellisées par un label garantissant le bien-être animal : peine perdue. Il semblerait qu’il existe des petits producteurs en France (dans les Landes) soucieux des animaux mais nous n’avons pas testé leur produit. Sachez qu’il existe aussi des alternatives véganes.

Si vous avez des préconisations sur ce sujet, n’hésitez pas à nous écrire via les commentaires ou via le formulaire de contact : https://www.labouscule.com/nous-contacter/   Merci !

 

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