Entretien

Le Bon Samaritain et son appli qui sauve des vies

Entretien avec Laurent Istria, responsable du développement.

Le Bon Samaritain.

Ecrit par Déborah de Mon Quotidien Autrement

Depuis cinq ans, Laurent Istria est responsable du développement pour le Bon Samaritain. Cette ONG s’est donné pour mission d’imaginer des solutions pour améliorer la prise en charge des urgences cardiaques. Elle a notamment développé une application, Staying Alive.

Comment est né le Bon Samaritain ?

Laurent Istria : Tout est parti d’une application Staying Alive, lancée en France il y a une dizaine d’années par Paul Dardel, médecin et également fondateur du Bon Samaritain. Au départ, cette application permettait de cartographier et de géolocaliser les défibrillateurs dans les lieux publics (gares, aéroports, mairies…). Notre base de données en compte aujourd’hui 180 000. 90 000 d’entre eux sont en France, mais on en recense également en Afrique du Sud, au Kenya, etc… L’application participative permet d’ajouter des défibrillateurs lorsque l’on en voit, de corriger les mauvais emplacements et de trouver facilement un défibrillateur si une personne fait un arrêt cardiaque.

Pourquoi est-ce si important de pouvoir localiser rapidement les défibrillateurs ?

Laurent Istria : En cas d’arrêt cardiaque, le massage cardiaque permet certes de maintenir un flux sanguin, mais le cœur ne repart jamais par ses propres moyens. Il faut pour cela un défibrillateur.

En France, on compte 50 000 victimes d’arrêt cardiaque par an. Le taux de survie est de moins de 10 %. A Lugano, en Suisse, où on trouve beaucoup plus de défibrillateurs, il est de plus 40 %.

L’application a néanmoins évolué. Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne Staying Alive aujourd’hui ?

Laurent Istria : A partir de 2015, sur l’idée d’un médecin, nous nous sommes demandé si l’application ne pourrait pas aussi être un moyen de localiser des personnes bénévoles aptes à masser une victime d’arrêt cardiaque. Nous avons donc décidé d’intégrer l’application Staying Alive dans un dispositif plus large visant à améliorer la prise en charge des crises cardiaques : Le Bon Samaritain. Nous avons commencé à tester le dispositif Le Bon Samaritain en 2016 et avons commencé à réellement le déployer en 2018. Aujourd’hui, le Bon Samaritain, c’est une ONG mettant à disposition des services de secours, une communauté de sauveteurs formés, mobilisables, partout et à tout moment, en cas de détresse vitale.

Comment fonctionne l’application exactement ?

Laurent Istria : Vous téléchargez l’application, vous vous inscrivez et commencez par indiquer si vous avez été formé ou non aux premiers secours. Si ce n’est pas le cas, vous pourrez être appelé, non pas pour masser la victime, mais pour aller chercher un défibrillateur à proximité. On vous proposera aussi de vous former.

Lorsque quelqu’un fait un arrêt cardiaque à proximité, le standard des pompiers est contacté et il envoie immédiatement un véhicule de secours. Mais celui-ci met en moyenne 10 minutes à arriver sur place. Dès que le standard a mobilisé le véhicule, il lance le dispositif du Bon Samaritain, qui identifie les personnes se trouvant à proximité et les contacte par téléphone. Vous indiquez alors si vous être disponible. Si vous l’êtes, on vous donne l’adresse de la victime pour que vous alliez la masser ou chercher un défibrillateur. Le but est de maximiser la vitesse d’intervention.

Où en est aujourd’hui son déploiement ?

Laurent Istria : Nous comptons 120 000 Bons Samaritains et 53 départements sont équipés du dispositif. On estime que chaque semaine, en France, un Bon Samaritain en moyenne est sollicité. C’est encore trop peu. Notre objectif est de sauver 20 000 personnes par an.

Le dispositif du Bon Samaritain est-il efficace ?

Laurent Istria :  Plus il y aura de Bons Samaritains, plus il le sera. La seule étude que nous avons a été réalisée par la brigade des pompiers de Paris, avec laquelle nous avons lancé le service. Les taux sont globalement plus élevés que la moyenne car le temps d’intervention en ville est plus réduit. L’étude a montré qu’à Paris,  lorsque les Bons Samaritains n’interviennent pas, le taux de survie en cas d’arrêt cardiaque est de 17 %. Lorsqu’ils interviennent, il est de 35 %.

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