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Les ravages de l’élevage industriel

Il a aussi une forte responsabilité dans les pandémies.

Salle de gavage canards

Ecrit par Elsa de Mon Quotidien Autrement

Partout, des voix s’élèvent pour dénoncer l’élevage industriel. La crise sanitaire liée au Covid-19 a intensifié le mouvement de dénonciation.

“Les systèmes industriels – qui fournissent actuellement l’écrasante majorité des produits animaux – sont le résultat d’une histoire très récente qui s’articule avec l’industrialisation de nos sociétés. L’élevage, au contraire, a dix mille ans et débute avec les processus de domestication”, écrit Jocelyne Porcher, ancienne éleveuse et sociologue à l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement). Les animaux des sociétés paysannes dont nous sommes issus n’étaient pas “une ressource à exploiter, mais les partenaires d’un rapport de survie à la nature”, continue-t-elle.

Une précision indispensable : il est donc possible – et souhaitable – d’élever les bêtes autrement. Mais est-ce possible de se nourrir en France sans élevage industriel ? « Sans aucun doute, répond dans le Parisien le boucher Hugo Desnoyer. Voilà vingt et un ans que j’essaie de faire passer ce message, il faut manger moins et mieux de viande. Moi-même je me contente de deux bons steaks dans la semaine plutôt que deux fois par jour des s… piquées aux hormones. »

Les chiffres sont parlants : chaque Français mange en moyenne 89 kg de viande par an (dont 33 kg de viande porcine) selon le ministère de l’Agriculture. Cela équivaut à 1,7 kg par semaine. C’est bien sûr trop si l’on veut se passer de la productivité des élevages industriels. Car en France, environ 80 % des animaux sont élevés en intensif, 95 % pour les porcs.

« Les animaux sont traités comme des marchandises, élevés dans des bâtiments fermés »

Une histoire récente, nous dit Jocelyn Porcer. A quel point ? L’élevage intensif date des années 70 : “Il applique des méthodes industrielles pour la production de la viande, du lait et des œufs. Les animaux sont traités comme des marchandises et sont souvent élevés dans des bâtiments fermés”, souligne l’ONG de défense de l’élevage durable, le CIWF.

Algues vertes en Bretagne causées par l’élevage intensif de porcs, déforestation en Amazonie pour cultiver le soja nécessaire au bétail consommé en Europe : l’élevage est responsable de mille maux environnementaux. Jusqu’aux plus insidieux. Saviez-vous que les animaux d’élevage constituent environ 20 % de la biomasse animale terrestre totale, comme le souligne l‘Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ? La superficie qu’ils occupent aujourd’hui était autrefois l’habitat de la faune sauvage.

La responsabilité des élevages industriels dans les pandémies

Si la critique de l’élevage intensif, soit la concentration d’un très grand nombre d’animaux sur de petits espaces, est apparue dès sa naissance, elle gronde toujours plus fort. Quinze scientifiques de renom, des écologues, des spécialistes de santé publique, des économistes ont rédigé une pétition pour interpeller Emmanuel Macron afin « d’élaborer un plan de sortie de l’élevage intensif ». La raison ? Le rôle de l’élevage dans les pandémies, dont celle du Covid-19. Selon les signataires « 75 % des nouveaux agents pathogènes proviennent des animaux ou des produits animaux (comme le lait). Les conditions d’élevage et la déforestation, elle-même fortement liée à la production de viande, en sont aujourd’hui deux causes parfaitement identifiées. »

En effet, il ne nous a fallu que quelques mois pour pleinement intégrer l’importance des gestes barrières dans la lutte contre le coronavirus… Et donc quelques secondes suffisent pour comprendre que la promiscuité typique des élevages industriels les transforment en chaudron à virus !

« Si dans la nature il y a un brassage génétique, le critère économique de productivité à la base de tout élevage industriel conduit à avoir des bêtes identiques, quasi clonées, note François Renaud, biologiste de l’évolution des organismes infectieux et directeur de recherche au CNRS, dans National Geographic. Or, ce sont des boîtes de Petri : si un agent pathogène arrive parmi eux, il touche tous les animaux, avec une densité colonisable énorme. L’Homme a créé avec eux un réacteur biologique à pathogènes. »

 

Alors… Que faire ?

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