Portrait
Ophélie Bourgeois, nucicultrice et créatrice de contenu
Quand les réseaux sociaux s'invitent à la ferme.
Ophélie Bourgeois se décrit comme une « agricultrice green 2.0 ». À 33 ans, elle est la fois créatrice de contenu sur les réseaux sociaux, et nucicultrice (agricultrice spécialisée dans la culture de noix) bio en Isère.
Les réseaux sociaux comme tremplin
2018. C’est cette année-là qu’Ophélie Bourgeois se lance sur les réseaux sociaux. Après un master en stratégie marketing, et alors qu’elle consacre son temps à son premier enfant, elle lance le compte Instagram @Gardetesconseils. Le but ? Exposer les conseils non sollicités que reçoivent régulièrement les jeunes parents. Le concept est un franc succès. Après seulement trois mois de création de contenu, elle est déjà suivie par plus de 30 000 personnes.
La jeune mère partage sa vie avec un agriculteur, spécialisé dans les noix. Il lui arrive alors régulièrement de montrer sur les réseaux son quotidien à la ferme. « Je recevais beaucoup de questions sur le travail à la ferme, la culture des noix, etc, relate-t-elle. Alors, en 2021, l’idée d’une marque de produits transformés à base de noix a émergé. »
Cette marque, c’est La Griniatée et Ophélie Bourgeois en est à la tête, associée à son conjoint et à ses beaux-parents. Beurre, chouchous, huile, bière, farine, mais aussi planches en bois : la gamme s’étend un peu plus chaque année. Tous les produits sont en vente directe. Depuis deux ans, la transformation des produits se fait en direct de la ferme.
Un métier hybride
Le rêve de la jeune créatrice de contenu, c’était la création d’entreprise. Mais avant les suggestions de sa communauté, l’idée d’une entreprise au sein de la ferme familiale ne lui était pas venue à l’esprit. « Ce sont les réseaux sociaux qui m’ont amenée à faire de l’agriculture », confie-t-elle. Une situation peu banale.
Alors, son compte « Garde tes conseils » devient @agreencultrice. « Mes enfants ont grandi donc j’étais moins baignée dans les problématiques liées à la parentalité. Puis, je trouve que ce qui est intéressant dans les réseaux sociaux, c’est que nos comptes nous ressemblent, ils évoluent avec nous. »
Aujourd’hui, elle se décrit comme une « agricrétarice ». « Le métier d’agriculteur, on l’imagine exclusivement dans les champs. En général, les gens ont du mal à réaliser que faire de l’agriculture, c’est avoir une entreprise à part entière. Les métiers de la communication sont aussi nécessaires si l’on veut réussir à vendre ses produits. » Et c’est là que la création de contenu prend tout son sens dans la ferme.
Ophélie Bourgeois tient deux comptes Instagram dorénavant. Le sien et celui de la marque familiale, @lagriniatée. Sur les deux, elle partage les coulisses de la production de noix, de la transformation des produits, de sa vie à la ferme. « Les gens adorent voir comment ça se passe dans les fermes. Aussi, le compte de la marque donne beaucoup plus de détails sur la production de noix. Montrer les coulisses, c’est aussi expliquer le prix de vente des noix. »
S’engager pour défendre son métier
En parallèle de la récolte de noix, « l’agricréatrice » partage aussi bon nombre de contenus engagés. Que ce soit sur sa ligature des trompes ou sur la difficulté de s’inscrire en agriculture bio, elle se dit sans tabous. « Je suis pour un changement en profondeur de notre système alimentaire, dans le sens global », déclare-t-elle. Et cette transformation, d’après Ophélie Bourgeois, elle passe par une pédagogie sur la réalité de l’agriculture française. Dans ce sens, elle n’hésite pas à prendre position contre la loi Duplomb, par exemple. « Je suis contente de mettre ma petite pierre à l’édifice. Finalement, le métier d’agriculteur est vieux, mais toujours indispensable. »
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