Alexandra, éleveuse d’ânesses de Provence

Savons, crèmes, shampoings, et même déodorants… au lait d’ânesse bio. Alexandra Laurent-Claus, gérante de l’Earl Lédanes, élève des ânesses de Provence à Oussoy-en-Gâtinais en région Centre-Val de Loire depuis 2009.

C’est plutôt original d’élever des ânesses pour leur lait, comment l’idée vous est-elle venue ?

Gamine, je suis partie en voyage avec mes parents et mes grand-parents dans les Pyrénées. Dans une auberge, au milieu d’autres animaux, il y avait des ânes et je me suis dit qu’ils étaient tellement adorables que quand je serai grande, j’en aurais. En grandissant, j’avais envie de travailler dans l’agriculture. Au départ, je pensais avoir un petit troupeau de chèvres, les traire à la main, vendre mes produits en direct… Avec des ânes pour le loisir. Puis dans une livre sur les ânes, j’ai trouvé les coordonnées d’un éleveur en Ariège. Je lui ai écrit une grande lettre ! Il m’a proposé de m’occuper d’ânesses en estive, qui allaient profiter des pâturages de montagne, et de faire la traite sur place. J’ai fait une formation puis me suis installée dans le Loiret avec mes premières ânesses ramenées d’Ardèche.

Combien en aviez-vous au début ?

Six la première année, deux la deuxième. Et aujourd’hui, trente-sept. J’ai deux mâles pour la reproduction. Ils sont tout le temps dans leur parc, mangent de l’herbe puis du foin du pré ainsi que du foin de luzerne, un peu d’orge et de maïs quand il fait froid.

Quels sont les bienfaits du lait d’ânesse ?

Il contient beaucoup de vitamines, notamment de la vitamine A en grande quantité et du rétinol naturel. C’est le lait qui est le plus proche du lait maternel, certains parents l’apprécient donc pour leur nourrissons. Et les gens qui ont des problèmes de peau le supportent bien. Et je vends des savons fabriqués à la ferme car j’ai une savonnerie sur place. Pour le reste, les crèmes et les shampoings, etc., je travaille avec deux laboratoires.

Vous arrivez à vivre de votre travail ?

Oui ! Cela fait seize ans maintenant. Les premières années, c’était raide, puis le bouche-à-oreille a fonctionné. Mais les coûts de production (pots, étiquettes…) augmentent…

Vous laissez les gens venir caresser vos ânesses

Quand je propose de la vente directe le mercredi et le samedi, il y a toujours des ânes à l’entrée pour que les enfants et les adultes puissent les brosser et les caresser. Je propose aussi de la vente car ce ne sont pas que les bravos et les mercis qui nous font vivre.

Que faites-vous quand les ânesses ne produisent plus de lait ?

C’était ma grosse inquiétude. À l’époque, ça me paraissait loin. Les ânes ont une espérance de vie de 40 ans ! Quand elles ne peuvent plus avoir de petits, elles peuvent prendre leur retraite. L’échéance arrivant, je n’arrivais pas à me séparer d’elles… Mais la comptable était derrière moi ! Des gens étaient intéressés pour parrainer des ânes. Quand ils viennent, ils ont un peu « leur chouchou ». C’est un coup de pouce économique.

Vos ânes ont une race particulière

Ce sont toutes des ânesses de Provence. Elles sont grises avec une robe grise caractéristique, dite « croix de saint André ». C’est l’âne de la crèche et des santons !  Je les aime beaucoup. C’est l’éleveuse qui m’a formée qui m’a fait découvrir cette race rustique. Elle voulait diminuer son troupeau, et moi m’installer… Voilà pourquoi j’ai des ânes de Provence dans le Loiret !