Ça fait réfléchir

La transmission dans l’agriculture, un enjeu clé

Et il faudra aussi augmenter le nombre d'agriculteurs.

La transmission est l'un des gros enjeux pour aller vers une agriculture résiliente © hardworkinghippy CC-BY-SA

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

Afin de se nourrir localement, sans trop d’impact sur l’environnement, la transmission dans l’agriculture est primordiale. L’augmentation du nombre d’agriculteurs et d’agricultrices aussi.

La disparition des agricultrices et des agriculteurs

Selon le dernier recensement agricole, effectué sur l’année 2020, la France compte près de 583 000 personnes travaillant de manière permanente (sans prendre en compte les saisonniers) dans les 390 000 exploitations existant sur le territoire. C’est environ 77 000 travailleurs agricoles de moins qu’en 2010, ainsi que 100 000 fermes de moins.

Cette évolution est liée à la baisse de main-d’œuvre nécessaire pour faire tourner une exploitation, engagée dès les années 1950 avec l’industrialisation du secteur agricole et la politique de remembrement. Elle est aussi liée à l’âge des agriculteurs et des agricultrices et aux départs massifs en retraite. Aujourd’hui, un quart des exploitants a plus de 60 ans et près de 60 % des chefs d’exploitations et co-exploitants ont 50 ans. D’ici à cinq ans, 270 000 agriculteurs et agricultrices vont partir à la retraite.

Or, la Mutualité sociale agricole (MSA) ne compte actuellement qu’une installation pour deux à trois départs…

Des transmissions difficiles

Bien souvent, plutôt que d’être transmises, les exploitations ont tendance à passer sous le giron d’une ferme existante souhaitant s’agrandir. Ce qui pousse à une industrialisation et à une mécanisation plus fortes, pouvant engendrer davantage de dommages sur l’environnement.

La plupart des fermes prêtes à être transmises sont adaptées à l’agriculture conventionnelle, avec de grandes surfaces, ainsi que des bâtiments agricoles ou du matériel pas forcément nécessaires pour des projets tournés vers l’agroécologie. Elles sont très chères à l’achat, ce qui va décourager l’installation d’agriculteurs et d’agricultrices souhaitant s’orienter vers ce type de pratique.

Un million de paysans à l’horizon 2030 ?

L’installation de jeunes et de nouveaux profils devient donc un enjeu prioritaire, tout en faisant en sorte que la transmission s’accompagne d’une transformation vers une agriculture plus résiliente.

Il faudra pour cela convaincre plus de personnes de travailler dans le secteur agricole : « Quand on remplace des produits chimiques par l’action humaine, il y a besoin de plus de main-d’œuvre », résume Florent Guhl, directeur de l’Agence Bio. Selon un rapport du Centre d’étude et de prospective du ministère de l’Agriculture, les exploitations biologiques emploient d’ailleurs plus de travailleurs que les fermes conventionnelles : 2,26 UTA (unité de travail annuel) contre 1,95 en lait et 1,41 UTA contre 1,12 en grandes cultures.

Le syndicat agricole Modef (Mouvement de défense des exploitants familiaux), estime qu’il est nécessaire d’avoir « un million de paysans à l’horizon 2030 ». Pour y parvenir, il réclame des « mesures fortes en faveur de l’installation et la transmission ». Parmi elles, une aide spécifique à la transmission de 30 000 euros pour éviter que les exploitations ne s’agrandissent;  la mise en place d’un prêt à taux zéro pour tout projet d’installation ou l’assouplissement des règles permettant d’obtenir les aides à l’installation en repoussant la limite d’âge à 45 ans.

Ce sont des premières mesures intéressantes à pousser en les couplant à des aides financières importantes permettant vraiment aux exploitations de s’orienter vers des pratiques agricoles plus respectueuses de  l’environnement.

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