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Haies bocagères en France : des initiatives pour les faire repousser

Leurs intérêts sont multiples : préserver la biodiversité, éviter l'érosion des sols, abriter le bétail...

Bocage virois © Bournagain - Wikimedia Commons

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

À l’apogée du bocage, au début du 20e siècle, la France comptait plus de 2 millions de kilomètres de haies bocagères. Mais depuis 1950, 70 % d’entre elles ont disparu des bocages français. Selon l’Office français de la biodiversité (OFB), 750 000 km de haies ont été arrachées sous l’effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l’activité d’élevage au profit de la céréaliculture intensive.

La prise de conscience de l’intérêt des haies bocagères a toutefois ralenti ce phénomène. Les haies favorisent la biodiversité, en servant de refuge à différents animaux et au bétail. Elles limitent le ruissellement et l’érosion du sol, facilitant l’infiltration de l’eau dans le sol. Les haies améliorent aussi la qualité de l’eau, en filtrant les polluants pour éviter leur transfert vers les cours d’eau. Hautes, les haies joue un rôle de brise-vent et de parasol pour les animaux d’élevage et les cultures. Elles peuvent aussi servir de source d’énergie renouvelable via l’exploitation de leur bois ou fournir des fruits comestibles. Les haies stockent également du CO2, l’un des principaux gaz à effet de serre contribuant au réchauffement climatique.

Les atouts des haies dans la production agricoles © Ministère de l'Agriculture
Les atouts des haies dans la production agricoles © Ministère de l’Agriculture

 

L’agroforesterie encouragée

Pour contribuer au développement des haies, le ministère de l’Agriculture a lancé en 2015 un plan national de développement de l’agroforesterie comportant plusieurs mesures qui y sont relatives. L’agroforesterie associe les arbres à la pratique agricole et les parcelles entourées de haies sont considérées comme les principaux paysages y contribuant. La formation agricole prend désormais davantage en compte les pratiques de l’agroforesterie, même si des progrès sont encore à réaliser. Selon le ministère de l’Agriculture, plus de 70 établissements publics locaux d’enseignement et de formation professionnelle agricole sur 189 possédaient au moins une activité d’agroforesterie en 2019.

50 millions d’euros pour le programme « Plantons des haies »

En 2021, le gouvernement a annoncé dans le cadre du plan de relance une enveloppe de 50 millions d’euros pour contribuer à l’implantation de haies et aux actions d’accompagnement pour susciter les projets de plantations, à travers son programme « Plantons des haies ». Témoignant auprès du ministère de l’Agriculture, Camille de la Moissonnière, agricultrice en Seine-Maritime, a déclaré avoir reçu plus de 55 000 euros, ayant contribué à planter 7 000 arbres dans ses parcelles de blé, soit l’équivalent de ce qu’elle aurait pu « planter en cinq à dix ans ».

La politique agricole commune – premier budget de l’Union européenne – octroie également des aides dédiées aux haies, comme des soutiens financiers à leur implantation et à leur entretien. Un dispositif de suivi des bocages a aussi été mis en place, porté par l’Institut national de l’information géographique et forestière et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Ses résultats sont toutefois encore en cours d’analyse.

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  1. C’est la mort dans l’âme que ma génération, post guerre 39/45, que nous avons assisté à la destruction des haies de la plaine de Caen. Maintenant nous voyons à des kilomètres à la ronde, ce qui n’était pas le cas en 60/70. Les paysans, gros propriétaires, ont coupé et vendu le bois, se faisant ainsi des revenus non nécessaires. Même encore aujourd’hui le moindre rare carré boisé est attaqué. Les pouvoirs publics n’ont jamais levé le pouce pour dire stop. La catastrophe était annoncée à coup sûr. Je vois quelques lignes de très jeunes plants de 30 cm de haut s’installer en campagne. De qui se moque-t-on ? il faudra au moins 15 années de pousse pour voir de nouvelles haies conséquentes. L’Etat doit imposer de fortes quantités de plants à minima de 1m à 1,50m, avec des corridors verts qui coupent les vents dominants. Nous connaissons tous ces phénomènes dans les territoires ruraux, pas besoin d’études coûteuses et superflues. De l’action, le temps presse avec urgence.

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