Vincent Bolloré, un milliardaire conservateur à la tête d’un empire

Tout a commencé en 2008. C’est à cette date que les premières pierres de l’empire médiatique ont été posées, avec la création d’une chaîne, créée ex nihilo sur la TNT : Direct 8. Onzième fortune de France, Vincent Bolloré, le milliardaire breton ultraconservateur, est désormais omniprésent. Il achète, petit à petit, moult titres de presse : Europe 1, le Journal du Dimanche (JDD), CNews… Cette dernière a d’ailleurs été condamnée à 20 000 euros pour désinformation climatique par l’Arcom. Un invité avait en effet assuré, sans contradiction, que « le réchauffement climatique anthropique est un mensonge, une escroquerie ». Ce n’est pas une première ! Elle doit aussi verser 60 000 euros pour avoir laissé dire que « l’immigration tue » à l’antenne.

« À chaque rachat, le groupe ciblé connaît une série de bouleversements marqués par des départs de journalistes et la nomination de proches du milliardaire à des postes clés », explique Le Monde dans une enquête. Souvent, les rédactions s’inquiètent d’un changement de ligne éditoriale… et beaucoup décident de quitter leur poste. À I-télé par exemple, en 2016, entre 70 et 80 détenteurs de cartes de presse sont partis… sur 120.

En effet, le ton change. « On y observe un conservatisme patent sur les questions de société, une promotion de la religion catholique, une obsession de l’immigration et de l’islam, ainsi qu’un soutien de plus en plus prégnant au projet d’alliance entre la droite et l’extrême droite », poursuit Le Monde.

Bolloré peut aussi compter sur plusieurs maisons d’édition. Concrètement, Vivendi, contrôlé par Bolloré, a racheté Lagardère, et a donc englouti tout le groupe Hachette et sa trentaine de maisons d’édition (Fayard, Grasset, Calmann-Lévy…). Depuis son rachat, Fayard a publié l’autobiographie de Jordan Bardella ou le bouquin de Philippe de Villiers.

Résistances

Il y a bien des tentatives de résistance. Prenez le collectif Désarmer Bolloré, qui multiplie les actions depuis l’été 2024. Il regroupe plusieurs associations comme Les Soulèvements de la Terre, Action Justice Climat, Bloom, Extinction Rebellion ou Attac. Et, relaie Le Monde, assure avoir par exemple mis 450 000 marque-pages anti-Bolloré dans les livres du groupe Hachette, et notamment dans les Relay dans les gares. (Qui sont, vous l’aurez deviné, détenus par Bolloré !) Le collectif a aussi organisé une contre-assemblée générale citoyenne en réponse à l’assemblée générale de Vivendi.