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Coopératives funéraires : remettre l’humain au cœur des obsèques

Pour des obsèques éthiques et sociales.

Coopératives funéraires : remettre l'humain au cœur du deuil — Photo par Mayron Oliveira sur Unsplash
Coopératives funéraires : remettre l'humain au cœur du deuil — Photo par Mayron Oliveira sur Unsplash

Écrit par Perrine Bontemps

Les entreprises de pompes funèbres ont longtemps été la seule alternative à l’organisation de funérailles. Pourtant, ce n’est pas la solution idéale pour tout le monde. Depuis une dizaine d’années, un nouveau modèle se développe en France : les coopératives funéraires. Elles proposent des obsèques sur-mesures : éthiques, sociales et écolos.

Les coopératives funéraires réinventent le marché de la mort

Loin d’être le modèle dominant, elles trouvent néanmoins peu à peu leur place dans le paysage mortuaire. La première coopérative funéraire française a vu le jour à Nantes, en 2016. Sur le modèle québécois, qui existe depuis les années 1980, plusieurs se sont ensuite développées. Au Canada, pas moins de 50 coopératives funéraires sont présentes sur le marché. Et grâce à ces dernières, le marché de la mort a évolué dans le pays.

Comment fonctionnent les coopératives funéraires exactement ? Établies sous le statut de SCIC (société coopérative d’intérêt collectif), leur but n’est pas de faire du profit, comme une entreprise de pompes funèbres classique. Elles proposent des prix justes et transparents et sont souvent bien moins chères que leurs concurrents privés.

La particularité des SCIC, c’est d’être détenues par ses sociétaires. Les membres peuvent être les salariés, les familles, des citoyens… Chacun devient alors associé et détient une voix pour participer aux prises de décision. Chaque voix a un poids équivalent, ce qui permet un fonctionnement démocratique et collectif.

Ce fonctionnement est une petite révolution sur le marché mortuaire français. Comme le détaillait Socialter en 2024, « ce marché pèse près de trois milliards d’euros et se porte bien ». 40 % est détenu par deux grands groupes : Funecap (marque Roc’Eclerc) et OGF (propriétaire de Pompes funèbres générales, PFG). Le reste du marché est partagé entre des acteurs privés de moins grande envergure et 6 % est occupé par le secteur public. Dans certaines villes en effet, comme Paris ou Lyon, les municipalités ou intercommunalités possèdent leurs propres services de pompes funèbres, qui ne fonctionnent pas non plus sur la recherche de profit.

L’humain avant tout

Depuis 2016, d’autres coopératives funéraires ont émergé sur le territoire. À Bordeaux et Rennes en 2019, puis à Toulouse, Strasbourg, Lyon, Lille, Caen… Et quelques autres sont en projet. Le modèle semble donc prospérer. Et pour cause. Ce système permet aux salariés de mettre l’humain au cœur de leur travail. L’accompagnement et le conseil sont les piliers de la démarche.

En France, le prix moyen des obsèques s’élève à 4 000 euros. Dans les coopératives funéraires, il est bien inférieur et peut s’adapter aux moyens de chacun. De manière générale, les conseillers funéraires des coopératives ne touchent pas de pourcentage sur les ventes, contrairement à ceux des pompes funèbres. Et les proches du défunt peuvent maîtriser toutes les étapes : soins de conservation, quel budget pour le cercueil, enterrement dans un caveau ou en pleine terre, quel type de cérémonie, etc. Autant de décisions qui impactent le budget global des obsèques, comme le détaille France 3 Normandie en prenant l’exemple de la coopérative funéraire d’Ifs (Calvados).

« Notre objectif n’est pas de fustiger [les] grands groupes, mais de proposer un autre modèle d’un point de vue économique et social. Notre capital appartient majoritairement aux familles et les profits sont réinvestis intégralement dans l’entreprise pour qu’elle perdure. C’est très politique. » Isabelle Georges, de la coopérative funéraires de Rennes, dans Libération

Au-delà d’un accompagnement personnalisé dans le difficile parcours des obsèques, certaines coopératives proposent des temps de partage sur les sujets du deuil et de la mort. Dans la plupart, des cafés mortels sont organisés régulièrement. L’occasion pour les participants de se rencontrer et d’échanger sans tabous. Mais aussi, en 2024, la coopérative rennaise a organisé son premier Festival de la mort. Une initiative innovante, festive et qui a su rencontrer son public. Un pas de plus vers une vision de la mort réinventée.

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