Le point sur
Centres médico-psychologiques : le service public de la santé mentale en crise
Un manque de moyens humains et financiers.
Premiers recours en santé mentale, les centres médico‑psychologiques (CMP) sont en crise. Manque de moyens, pénurie de personnels, inégalités territoriales : ces structures essentielles peinent à répondre à une demande croissante, au risque de laisser des milliers de patients sans solution.
Créés dans les années 60, les centres médico-psychologiques doivent garantir un accès aux soins psychiques de proximité pour tous, sans avance de frais. Implantées dans quasiment toutes les villes, ces structures publiques de santé mentale ont une mission claire : assurer un suivi ambulatoire, gratuit, pour les personnes souffrant de troubles psychiques, allant de consultations psychiatriques à un accompagnement psychologique et social. Ils jouent un rôle clé dans la prévention, le diagnostic et la prise en charge. Et évite le recours systématique à l’hospitalisation.
Délai d’attente et tri des patients
Sur le terrain, toutefois, l’accès aux centres médico-psychologiques (CMP) se complique. En 30 ans, les CMP ont en effet vu leur file active gonfler d’un million de patients supplémentaires. Dans certaines régions, les délais d’attente pour un premier rendez-vous dépassent les six mois. En particulier en pédopsychiatrie. À Toulouse, près de 1 600 enfants sont aujourd’hui en attente d’un suivi. Une situation qui conduit certains centres à opérer un tri parmi les demandes. Les cas les plus graves ou urgents sont privilégiés. Les autres, relégués au second plan.
Cette dégradation n’est pas uniforme sur le territoire : les zones rurales ou défavorisées souffrent davantage de la faiblesse de l’offre. Là où la demande est forte, mais les ressources limitées, les inégalités d’accès se creusent, accentuant les disparités sociales et territoriales en matière de santé mentale.
Manque de personnel dans les centres médico-psychologiques
Cette situation trouve une première explication dans le déficit chronique de personnel qualifié. Les CMP manquent de psychiatres, psychologues, infirmiers spécialisés, et travailleurs sociaux. Selon la Fédération Hospitalière de France, près d’un quart des postes en psychiatrie publique restent vacants. En pédopsychiatrie, la situation est particulièrement critique, avec des CMP parfois contraints de fermer temporairement ou de refuser des enfants faute de professionnels.
Le personnel des CMP dénonce une surcharge qui nuit à la qualité du suivi : consultations brèves, rendez-vous reportés, et absence de prise en charge adaptée pour certains patients… La pénurie de professionnels, conjuguée à un turn-over important et des conditions de travail difficiles, pèse lourdement sur la capacité des centres à répondre efficacement à la demande.
Un financement insuffisant qui fragilise les CMP
Au-delà du personnel, le manque de moyens financiers affecte aussi l’ensemble des services offerts par les CMP. L’insuffisance des budgets limite les possibilités de développer des programmes innovants, de renforcer les équipes pluridisciplinaires, ou d’améliorer les infrastructures. Ce sous-financement chronique, dénoncé depuis des années, fragilise durablement ce maillon essentiel du système de santé mentale.
Ces difficultés surviennent alors même que la santé mentale a été érigée en grande cause nationale 2025. Et qu’un plan national de santé mentale a été lancé récemment, avec pour objectif d’améliorer la prévention, l’accès aux soins et la qualité des prises en charge. Mais la mise en œuvre concrète peine à suivre. Là encore, faute de moyens.
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