Entretien
Psycom : La santé mentale, « c’est une responsabilité collective »
Informer pour mieux prendre en charge.
La santé mentale a été déclarée Grande Cause nationale 2025. Si une meilleure prise en charge de la santé mentale passe par les pouvoirs publics, il y a également urgence à informer sur le sujet afin de lever les tabous et les incompréhensions. Nous vous proposons ci-après quelques notions importantes sur la santé mentale suivies d’un entretien avec Psycom, une association nationale dont la mission est de sensibiliser à travers des outils et évènements variés sur cette question cruciale et complexe.
La santé mentale est une composante de notre santé, au même titre que la santé physique. Et comme pour la santé physique, la santé mentale peut se dégrader avec des degrés de gravité qui varient. Il faut bien comprendre que les troubles psychiques font partie de la santé mentale, mais ne la résument pas. (L’ensemble des troubles psychiques sont détaillés sur cette fiche Psycom).
Notre santé mentale est influencée par une multitude de facteurs. Des facteurs propres à chaque individu qui peuvent être intrinsèques : capacité à gérer le stress, à demander de l’aide, estime de soi, propension au déni, patrimoine génétique, etc. Ou qui peuvent être des facteurs extérieurs : environnement familial et amical, contexte professionnel, qualité du logement… Ceux-ci peuvent jouer négativement ou positivement selon l’individu et son contexte. Au-delà de ces facteurs, il peut y avoir des événements extérieurs qui viennent percuter négativement notre santé mentale : un deuil, un licenciement, une séparation, le contexte politique, une guerre, des discriminations, etc.
Contrairement à la vision que la société peut en avoir, la santé mentale, ce n’est pas binaire. Elle évolue au cours de la vie et il est possible de se rétablir d’un trouble psychique ou d’une souffrance psychique.
Psycom, association nationale créée en 1992, a pour vocation de sensibiliser, donner de l’information, orienter. Nous avons échangé avec Anne Nomblot, membre de l’équipe Psycom et responsable du secrétariat général du Collectif national des Semaines d’information sur la santé mentale, un événement coordonné par Psycom.
De quelles manières pouvons-nous prendre soin de notre santé mentale ?
En premier lieu, la santé mentale n’est pas qu’une question de responsabilité individuelle, c’est avant tout une responsabilité collective. C’est un enjeu de santé publique. Il faut organiser les sociétés pour permettre de prendre soin de la santé mentale, de la même manière qu’on essaie de favoriser la santé physique des individus avec des choix politiques. Comme le développement des pistes cyclables ou l’accès à des parcs de proximité pour favoriser la mobilité.
La santé mentale doit se réfléchir en transversalité au niveau de l’État et des collectivités. Par exemple, une politique de logement permettant de se loger correctement est essentielle pour améliorer la santé mentale des citoyens. Je pense aux rénovations énergétiques ou l’attribution de logements décents avec des loyers modérés. Mais aussi des politiques sur la mobilité, l’accès à la culture, le soutien aux associations contribuant à faire du lien avec les personnes précaires ou isolées, etc.
Évidemment, il faudrait également permettre un accès aux professionnels de santé dans des délais raisonnables. Ou encore faciliter la découverte de toutes les ressources disponibles. Il existe beaucoup de ressources à mobiliser pour prendre soin de sa santé mentale et de celles des autres, mais encore faut-il les connaître. Au niveau individuel, Psycom propose un article intéressant « S’aider soi-même, des outils pour tous ».
Plus globalement, Psycom développe de nombreux outils pour permettre d’aider tout un chacun touché dans sa santé mentale ou qui cherche à s’informer sur le sujet :
Qu’est-ce que Psycom, justement ?
Il s’agit d’un organisme public qui existe depuis 1992. À l’origine, c’était le regroupement de cinq établissements parisiens spécialisés en psychiatrie. En 2015, c’est devenu un groupement de coopération sanitaire pour faciliter les collaborations entre les secteurs du privé et les secteurs du public.
Aujourd’hui, nous sommes une association nationale, avec une assemblée générale composée des membres fondateurs. Nos financements viennent essentiellement de Santé Publique France, du ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, ainsi que de plusieurs agences régionales de santé (ARS).
Et quel est son rôle ?
La vocation de Psycom est d’informer, d’orienter et de sensibiliser sur la santé mentale. Nous proposons une information fiable, c’est-à-dire vérifiée et solide. Il n’y a pas de conflit d’intérêt, et ça, c’est important. Pour produire une information indépendante et accessible, il faut qu’elle soit à l’abri des influences commerciales, des industries de santé, des risques sectaires, etc.
Nous traitons différents sujets, que ce soit les troubles psychiques, les soins, l’accompagnement… Le tout sous différents formats. Et nous référençons des ressources pour aider à l’orientation, il peut s’agir des annuaires locaux ou des différentes lignes d’écoute, par exemple.
Enfin, il y a aussi un volet de sensibilisation. Nous créons des outils pédagogiques, qui permettent d’expliquer, d’explorer la santé mentale et de faire évoluer les idées reçues. C’est important d’agir sur ces préjugés qui viennent alimenter la stigmatisation des personnes concernées par un trouble psychique.
Que conseillerez-vous à celles et ceux qui éprouveraient un mal-être, mais ne sauraient pas vers qui se tourner ?
Il faut s’appuyer sur la diversité des ressources pour essayer d’aller mieux. Psycom propose des fiches repères : en une seule page, vous avez l’essentiel d’un sujet. Il en existe une pour savoir vers qui se tourner. Nous avons également tout une rubrique « S’orienter ».
Également, lutter contre le déni : « ça va aller mieux, ça va passer tout seul, je peux tenir encore un peu ». Dépasser le tabou et la stigmatisation, c’est avoir la force de reconnaître quand ça ne va pas et s’autoriser à demander de l’aide. Par ailleurs, dans l’esprit de la plupart des gens, quand on ne va pas bien il faut se diriger vers un psychiatre et être mis sous traitement, alors que ce n’est pas forcément le cas. Les soins et les traitements sont un pilier parmi d’autres du rétablissement, mais ce ne sont pas les seuls.
Concernant les troubles psychiques, l’entraide peut être essentielle, par exemple. Être mis en relation avec des personnes ayant rencontré les mêmes difficultés et qui ont réussi à s’en sortir, c’est un levier fort pour combattre la stigmatisation, redonner de l’espoir et des perspectives de vie.
Il est important de préciser que chaque parcours de rétablissement est propre à chacun. Il n’y a pas de parcours type et linéaire. En fonction de la raison pour laquelle vous n’allez pas bien, les associations et structures à mobiliser ne seront pas les mêmes.
Des vidéos Psycom pour aller plus loin :
- La Boussole de la Santé Mentale : 3 minutes pour bien comprendre les différents états de notre santé mentale : entre troubles psychiques, stress, bien-être ….
- Le Cosmos mental : 4 minutes permettant de connaître les différents facteurs influençant notre santé mentale.
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