Comprendre en 1 minute
Y a-t-il une invasion de ratons laveurs en France ?
Et si on vivait avec plutôt que de tenter de l'éradiquer ?
C’est une histoire de ratons laveurs et de marshmallows qui pourrait être mignonne. Après tout, ces animaux ne le sont-ils pas ? Avec leur masque noir autour des yeux, leurs queues touffues rayées, leur côté peu farouche, et leurs adorables petites patounes ? La réalité est un peu plus compliquée. Car quand une espèce déboule en masse dans un territoire, ça ne se fait pas sans quelques frictions. Et aujourd’hui, on peut clairement parler d’invasion de ratons laveurs en France.
Tout commence dans les années 1930, quand des Allemands l’importent pour faire des élevages (ils aimaient sa fourrure !). Les autres « coupables' » : les soldats américains, qui en auraient pris dans leur bagage en guise d’animal de compagnie. Le raton laveur (Procyon lotor) serait ainsi arrivé dans l’Aisne via les soldats de la base militaire de l’Otan de Couvron-et-Aumencourt. Ils en avaient fait leur mascotte… et les ont laissés sur place. Sans parler de fugues de zoos…
Des pattes ? Non, des mains !
Et voilà que quelques décennies plus tard, notre cousin d’Amérique s’est douillettement installé, au point qu’il est considéré comme une espèce invasive par l’Union européenne depuis 2016. En France, il est en pleine expansion. Le hic : il fait concurrence à des espèces protégées voire en danger d’extinction, comme la loutre d’Europe. Et fait pas mal de dégâts dans les cultures (ils aiment le maïs), les poulaillers (ils boulottent les volailles), les jardins (ils se régalent de fruits) voire les habitations (ils se servent dans les poubelles)… Il peut grimper partout, jusqu’à 20 m de hauteur ! C’est un collecteur plus qu’un chasseur.
« Il a davantage des mains que des pattes », note Fabien Egal, responsable technique au sein de l’association départementale des piégeurs agréés de la Gironde, à 20 minutes. Piégeur ? Eh oui… Des habitants et des régions ont dû mettre en place des opérations de piégeage. C’est là qu’arrive notre histoire de marshmallows. Ces friandises, tout comme les fraises Tagada, sont utilisés, en Gironde du moins, pour attirer les gourmands dans des pièges avant de les tuer. «On ne le fait pas de gaieté de cœur. On reçoit une formation spécialisée, la réglementation est très stricte. Lorsqu’on tue l’animal, il meurt sur le coup pour limiter sa souffrance au maximum», détaille Fabien Egal dans Libération. Mais doit-on vraiment lutter ainsi contre cette invasion de ratons laveurs ?
L’éradiquer est vain
Au-delà de l’aspect moral (tuer des animaux que l’humain est responsable d’avoir amené), cette tentative d’éradication est vaine, au vu du nombre d’individus. Christophe Coïc, directeur de Cistude nature, explique ainsi, toujours dans Libé, que l’État a failli et qu’il faut désormais… s’adapter. «Au Canada, par exemple, ils ont adapté leur système de poubelles dans plusieurs villes pour limiter ses assauts», dit-il. En bref : et si on apprenait à vivre avec lui ?
Oh, au fait, pourquoi l’appelle-t-on raton laveur? « Il doit son nom au fait de bien malaxer certains de ses aliments dans l’eau avant de les manger. Il est surtout nocturne et grimpe facilement aux arbres », nous apprend le tenancier du super podcast Baleine sous gravillon.
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