Le point sur

La France compte sur l’Europe pour freiner la fast fashion

Un texte détricoté par les sénateurs

L’industrie textile représente ainsi près de 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et pourrait atteindre 26% d’ici 2050, notamment en raison de l'essor de la fast fashion. Crédits Freepik

Ecrit par Déborah de Mon Quotidien Autrement

62 % des étudiants âgés de 18 à 24 ans achètent des articles de fast fashion, chaque mois. Alors même que 63 % d’entre eux se disent préoccupés par les implications sociales de cette industrie. En France, les plateformes Amazon, Temu et Shein représentent à elles trois 6 % des ventes de mode en 2024, selon l’Observatoire économique de l’Institut français de la mode. Leur activité a bondi de 18 % l’an passé, pour atteindre 2,2 milliards d’euros. Sur la même période, l’ensemble des ventes de mode et de textile n’a progressé que de 0,1 %.

Une proposition de loi française vidée d’une partie de son contenu

Pour contrer cette tendance, la France et l’Europe planchent depuis deux ans sur une régulation renforcée de la fast fashion. Dans l’Hexagone, au printemps dernier, l’Assemblée nationale avait adopté à l’unanimité un texte visant à encadrer les pratiques de ces géants de la mode. Mais la proposition de loi, que le Sénat devait examiner début juin, a d’ores et déjà été « détricotée » par les sénateurs lors de son passage en Commission développement durable du Sénat.

La Commission a notamment fait marche arrière sur plusieurs éléments clés de cette proposition de loi :

  • la définition de la mode éphémère, beaucoup plus floue et ciblant moins précisément les plateformes comme Shein et Temu ;
  • l’affichage environnemental et la mise en place d’un système de bonus-malus ont été abandonnés au profit, là encore, d’un encadrement aux contours plus flous ;
  • L’interdiction de la publicité par les marques de fast fashion a quant à elle disparu.

La nécessité de lutter contre les effets néfastes de la fast fashion

Réguler les acteurs de la fast fashion est pourtant essentiel. Pas seulement parce qu’ils font concurrence aux entreprises françaises du textile. Mais aussi car des entreprises telles que Shein (elle n’est pas la seule) font appel à une main d’œuvre très bon marché dont les conditions de travail sont bien souvent déplorables. Par ailleurs , ces enseignes produisent des articles de faible qualité. Elles promeuvent la surconsommation et un modèle prônant l’éphémère et le jetable. Pour preuve, certaines études estiment que des consommateurs jettent leurs vêtements bon marché après sept ou huit utilisations seulement. Et cette surconsommation a un impact environnemental majeur (liée à la pollution et au gaspillage). L’industrie textile représente ainsi près de 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales et pourrait atteindre 26 % d’ici 2050.

Une régulation plus stricte à l’échelle européenne

Peut-être faudra-t-il compter sur l’Europe pour freiner ces géants de la mode ? En 2024, l’UE a déjà renforcé les contrôles sur la plate-forme Shein. Et la France, l’Autriche, la Finlande et les Pays-Bas ont proposé une réforme sur la prévention de déchets qui permettrait la mise en place de mesures visant l’hyper-consommation de vêtements. Par ailleurs, Bruxelles prévoit également une refonte des droits de douane. En 2028, l’exonération de droits sur les colis de moins de 150 euros à l’entrée de l’Union européenne devrait être supprimée. Ce qui impacterait directement les entreprises internationales du textile.

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