Ça fait réfléchir

Une banane bio française, ça existe ?

De nouvelles pratiques se mettent en place pour tourner la page du chlordécone.

Des bananes bio des Antilles. Crédit : cirad

Ecrit par Elsa de Mon Quotidien Autrement

La banane des Antilles revient de loin. Le scandale du chlordécone, cet insecticide dangereux pour la santé humaine et massivement utilisé, a donné un goût amer à ce fruit. Les choses changent peu à peu : entre 2006 et 2015, l’usage de pesticides a baissé de 60 %, selon le Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Il y aurait même, pour la première fois, une banane bio française !

Produite aux Antilles – en Guadeloupe et Martinique- , elle a été baptisée «Pointe d’or». Certes, on ne vous la fait pas : d’autres bananes bios existent déjà, qui viennent d’Amérique du Sud ou de la République dominicaine. Mais elles ne sont pas aussi vertueuses que ce que le label pourrait nous faire croire. «Ces pays utilisent 25 produits phytosanitaires, y compris par traitement aérien, dont 14 ne sont pas autorisés en Europe», s’indignait Eric de Lucy; président de l’Union des groupements de producteurs de bananes de Guadeloupe et de Martinique, en 2017, dans le journal Ouest-France.

La Pointe d’Or fait de la résistance

Notre banane bio à nous est une variété issue d’un croisement naturel d’anciennes variétés de bananes. Elle a été obtenue par croisement par le Cirad. « La résistance naturelle de la Pointe d’Or à la cercosporiose noire qui touche dorénavant toutes les zones de production dans le monde est un avantage considérable puisqu’il permet d’éviter tout traitement phytosanitaire contre ce champignon et ouvre la voie à une production d’une banane biologique aux Antilles », explique Frédéric Salmon, généticien sélectionneur au Cirad en Guadeloupe. Le hic ? Les bananes, commercialisées par Carrefour Bio, ne toléraient pas l’export : « elles arrivaient trop mûres et noircies et donc impossibles à commercialiser », selon Agri Mutuel. La quête de la banane éthique n’était donc pas finie…

Zéro pesticide, jachère et cocktail de plantes

Au-delà des variétés, ce sont surtout de nouvelles pratiques culturales qui donnent espoir pour tourner la page du chlordécone. « L’avenir, c’est ce que faisaient nos grands parents : l’agroforesterie », dit Jean-Louis Butel, un exploitant.  Au Marigot, en Martinique, Fernande Fixie, ancienne ouvrière agricole victime du chlordécone, a repris une exploitation pratiquement à l’abandon. Pas question de s’aider de pesticides. Le désherbage est mécanique. Même choix au pied de la Montagne Pelée, où Patrick Aubery pratique l’agroforesterie sur 60 hectares. Et notamment la jachère, pour « casser le cycle de la banane », et éviter que charançons et nématodes se développent. Grâce à un cocktail de plantes, et en bannissant la monoculture donc, il augmente la fertilité du sol.

Une banane bio française au compost naturel

« Avant, un champ ça n’était que des bananiers : il fallait que ça soit propre », dit David Mirre à Info Durable. Lui aussi est un producteur de bananes qui souhaite travailler sans pesticides. Fini, les allées entre les bananiers brûlées par les pesticides, désormais, les herbes poussent, et avec les restes d’arbres qui tombent, « en se dégradant, cela fait un compost naturel ».

Pour écouter de courtes histoires d’agriculteurs qui veulent enterrer l’ère du chlordécone, cliquez ici. Radio France est allée à leur rencontre !

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