Ça fait réfléchir

Les problèmes de l’extraction de métaux dans les mines

L’industrie minière est la première productrice de déchets toxiques.

Mine de cuivre à ciel ouvert à Chino, aux États-Unis © Eric Guinther - Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0

Ecrit par Mathilde de Mon Quotidien Autrement

Cacher ces mines que je ne saurai voir… En France, les mines semblent être d’une autre époque. Pourtant, si celles de charbon ne sont plus de notre âge, la France compte bien des exploitations de gisements sous-terre ou à ciel ouvert. En particulier des mines de métaux, si indispensables à notre mode de vie contemporain, et dont l’extraction pose des problèmes.

Les métaux sont nichés partout : sous forme de pigments dans nos emballages, de dioxyde de titane dans des dentifrices, et bien sûr dans tous les composants électroniques de nos téléphones, écouteurs, électroménagers, voitures… Il y a plus de 60 métaux différents rien que dans un smartphone. Et ce n’est pas près de s’arrêter compte-tenu de la frénésie numérique qui agite le monde.

Problèmes environnementaux et sociaux

Extraire ces métaux n’est pas sans méfaits, environnementaux comme sociaux. C’est ce que documente l’association française SystExt (Systèmes extractifs et Environnements), qui regroupe des professionnels analysant les impacts humains, sanitaires, sociaux et environnementaux des systèmes extractifs, en particulier miniers. Dans un rapport publié fin 2021, elle a tiré la sonnette d’alarme sur plusieurs usages.

L’industrie minière est la première productrice de déchets toxiques et la responsable du plus grand nombre de conflits sociaux et environnementaux à l’échelle du globe, décrit SystEx. Pourtant, nos responsables politiques semblent ignorer l’ampleur du problème.

« Lors du dernier congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui a réuni des États et des agences gouvernementales du monde entier, nos équipes ont constaté une chose étonnante : certains représentants des gouvernements croyaient qu’aucun site minier ne rejetait aujourd’hui ses déchets directement dans les fleuves ou la mer. Ils pensaient cette pratique révolue ou interdite. Pour eux, les résidus miniers sont systématiquement stockés dans des barrages, des digues — qui posent elles-mêmes de gros problèmes, mais passons. Or, non seulement cette pratique aux conséquences dramatiques existe bel et bien, mais elle est répandue et tout à fait légale ! », a commenté auprès de Reporterre l’ingénieure géologie minière Aurore Stephant, qui travaille pour SystEx.

Des pratiques similaires partout dans le monde

Ce que documente le rapport, c’est que ces pratiques sont similaires aussi bien dans les pays en développement que dans les pays occidentaux. « D’une part, l’exploitation minière demeure le secteur d’emploi le plus dangereux si l’on tient compte du nombre de personnes exposées au risque, y compris aux États-Unis et en Europe. D’autre part, les méthodes d’extraction et de traitement sont les mêmes partout. Que l’on soit aux États-Unis, au Pérou ou en République démocratique du Congo (RDC), pour extraire 10 kg de cuivre, il faudra broyer et réduire en poudre 1 tonne de roche, puis la traiter aux xanthates (hydrocarbures). En quelques années, vous aurez obtenu un lac de résidus toxiques qui resteront dangereux entre 5 000 à 10 000 ans et qu’il faudra confiner tant bien que mal. Vous aurez nécessairement des fonderies, qui dégageront du dioxyde de soufre, et donc amplifieront les pluies acides et la pollution de l’air », précise cette spécialiste.

Par ailleurs, l’industrie minière exploite actuellement des gisements dont la concentration minérale est de plus en plus faible. Cela signifie qu’il faut utiliser davantage d’énergie et de déchets toxiques pour extraire les mêmes quantités qu’avant.

Limiter l’extraction et développer le recyclage

Pour SystEx, le seul remède à ces maux consiste à limiter les volumes de métaux extraits. Et donc à revoir de fond en comble nos besoins en la matière. Un message à rebours de l’essor du numérique constaté chaque jour. Il faudrait aussi encourager de manière beaucoup plus forte le recyclage des métaux, pour tenter de réduire la pression sur les matières premières. Pour cela, il est nécessaire que « les opérateurs miniers pay[ent] le coût social et environnemental de leur activité », souligne Aurore Stéphant, afin de rendre plus compétitifs les métaux recyclés.

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